Faites de vos choix les reflets de vos espoirs (et non de vos peurs)

Quel a été votre dernier choix significatif ?

Rappelez-vous votre dernière décision importante au travail. Vous avez peut-être démissionné, ou changé d'entreprise, ou changé de région, ou pris une année sabbatique, ou accepté plus de responsabilités. Est-ce que la décision a été facile à prendre ?

Je me souviens d'un choix que je devais faire à l'issue de mon Master en 1996. Deux laboratoires m'offraient une bourse de thèse pour que je les rejoigne, l'un à Nantes et l'autre à Rennes. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour me décider car l'attribution des bourses était sujet à échéance. J'étais si indécis que je suis allé m'aérer la tête sur le campus universitaire où je me trouvais. J'avais le choix du Roi mais j'avais peur de faire le mauvais choix.

À un autre moment de ma vie, j'hésitais entre rester salarié et continuer un travail qui ne faisait plus sens pour moi, ou bien devenir indépendant et me lancer dans un nouveau projet professionnel. Je suis resté indécis pendant plusieurs mois jusqu'au jour où j'ai pris mon courage à deux mains. Ce n'était pas facile de tourner le dos à une carrière pour laquelle je m'étais investi pendant de nombreuses années. J'avais peur de "faire une connerie". Je craignais aussi ce qu'allaient penser ma famille ou mes amis plutôt partisans de la sécurité de l'emploi. Et pourtant, ma petite voix intérieure résonnait juste et me poussait à franchir le pas.

Qu'est-ce qui vous fait choisir le non changement ?

Comme moi, vous avez sans doute hésité avant de prendre une décision aux conséquences importantes pour vous et vos proches. Vous souvenez-vous de ce que vous ressentiez quand vous y réfléchissiez ?

Pour ma part, face à un changement important qui me projette dans l'inconnu, je ressens parfois de l'excitation, de la joie, de l'envie, mais le plus souvent je ressens de l'inquiétude, du stress, de l'appréhension. Ce sont autant de formes d'expression de joie ou de peur.

Les ressentis ont l'immense avantage de ne jamais mentir : ils vous disent la vérité sur vos vrais besoins. Celui de la peur est très souvent lié à un besoin de sécurité. Il est très utile car il vous fait fuir face à un animal féroce prêt à bondir sur vous. Vous avez donc tout intérêt à l'écouter. Malheureusement il prend souvent le pas sur le ressenti de la joie et il agit comme un puissant frein au changement.

Face à un danger moins immédiat tel qu'une possible perte de revenus ou un nouveau poste à responsabilités, vous vous inventez peut-être de multiples prétextes en faveur du non changement. Vous vous raisonnez avec des messages comme je n'ai pas le temps, je n'y arriverai pas, ce n'est pas le bon moment, je n'en ai pas vraiment envie, à quoi bon, je m'y mets demain, etc. Pour ma part, je me dis souvent : "je ne suis pas capable".

Ces messages que vous vous dites à vous-même marquent une posture défensive. Ils sont destinés à conforter le choix de ne surtout rien changer par peur d'un danger réel ou imaginaire. C'est le choix le plus simple : celui du statu quo, le choix du confort et de la sécurité.

Comment faites-vous pour ne rien changer ?

Si vous écoutez davantage vos ressentis de peur, alors il vous arrive sûrement de repousser au lendemain une décision que vous pourriez prendre le surlendemain : vous choisissez le non changement. Bien que ce choix soit inconscient, vous avez tendance à le défendre de toutes vos forces. À cette fin, vous appliquez probablement une stratégie comme :

• la stratégie de l'évitement : j'évite d'y penser ou je détourne la conversation dès que la question du choix s'invite,
• la stratégie du renoncement : je me convaincs d'avoir plus à perdre qu'à gagner en changeant de situation,
• la stratégie du "Oui mais..." : je trouve toujours un argument pour défendre le choix préféré du non changement.

Cette dernière stratégie est peut-être la plus pratiquée au monde. Elle fait référence à un "jeu psychologique" tel que l'a défini le psychiatre canadien Eric Berne. Elle est d'ailleurs admirablement mise en scène dans le film "Oui mais..." de Yves Lavandier. Jugez-en par vous même à travers cet extrait du film :

Sauriez-vous identifier votre stratégie préférée pour ne rien changer ? Il peut être difficile de répondre à la question car le plus souvent vous "jouez" de façon inconsciente et répétée. Ces jeux inconscients peuvent donc s'ancrer durablement dans votre vie. Si vous ne les repérez pas, vous ne risquez pas de les changer et vous pouvez vous engluer dans une situation professionnelle peu satisfaisante pendant très longtemps. En fait, repérer un jeu psychologique nécessite la plupart du temps l'aide d'une tierce personne neutre comme un thérapeute ou un coach.

Comment choisir le changement plutôt que le non changement ?

En donnant la priorité au confort et à la sécurité, les stratégies du non changement peuvent négliger d'autres besoins importants tels les besoins de sens ou de liberté. Les ignorer peut vous conduire à une lente et inexorable chute d'estime de soi et à un mal-être grandissant. C'est pourquoi il peut être vital de trouver une stratégie assez puissante pour, d'une part, contrer la stratégie du non changement, et d'autre part, provoquer le changement et sortir de sa zone de confort.

Choisir le changement, c'est vous mettre en mouvement et aller de l'avant. À l'origine de la mise en mouvement, il y a l'émotion qui vient du latin movere, qui signifie mouvement. Peur ou joie, ce sont deux émotions qui mettent en mouvement, chacune à sa façon. Le mouvement de la peur, c'est le pas en arrière et le repli sur soi. Celui de la joie, c'est le pas en avant et l'ouverture aux autres. La peur refuse le changement. La joie embrasse le changement.

Il vous appartient de faire vos choix à partir de la peur ou à partir de la joie. Il vous appartient de construire votre vie sur la peur ou bien sur la joie.

Que vos choix soient le reflet de vos espoirs et non de vos peurs.

Nelson Mandela

La joie peut prendre une grande variété de formes : l'excitation, l'envie, la curiosité, l'émerveillement, l'amusement. Face à un changement de vie professionnelle, elle se manifestera à vous d'autant plus naturellement que le changement visé correspondra à vos espoirs chers, des espoirs qui prennent racines dans vos besoins fondamentaux les plus importants.

Quels sont vos besoins fondamentaux : le sens, la liberté, le lien social, le goût du défi, la curiosité, le pouvoir d'influence, le statut social, la stabilité, l'acceptation par les autres, la loyauté à vos valeurs ? Si vous ne les connaissez pas, découvrez-les avec le jeu de la boussole de vie en vous aidant du guide "Trouver sa boussole de vie" en libre téléchargement en bas de cette page ou sur la page d'accueil.

Grâce à la connaissance de vos besoins, vous saurez comment vous mettre en mouvement. Dès que vous avez un choix important à faire, interrogez-vous sur son lien avec vos besoins. La bonne décision à prendre est alors celle qui satisfait le mieux vos besoins. Vous pouvez le valider par la joie et la motivation que vous ressentez en prenant la décision.

Pour choisir entre rester salarié ou devenir indépendant, j'aurais pu me demander ce qui me correspondait le mieux à la lumière de mes besoins de sens, de liberté et de défi. Aujourd'hui, je sais que je suis à ma place : cela sourit en moi, cela me motive, cela me met naturellement en action.

Comment inscrire le choix du changement dans la durée ?

Faire un choix est une chose. En assumer les conséquences en est une autre. Quand nous nous installons à notre compte, quand bien même nous savons que c'est ce qui nous correspond, nous devons faire face à de multiples difficultés, à commencer par nos propres doutes. Le voyage peut être long avant de retrouver une situation stable et épanouissante.

Pendant ce voyage, la joie et la motivation vont alterner avec la peur et l'abattement. Dans les moments difficiles, vous pouvez vous rappeler pourquoi vous avez décidé de faire ce voyage. Vos ressources de courage, d'adaptation et de persévérance sont aussi de précieux alliés pour vous aider à traverser ces moments. Vous pouvez enfin vous faire accompagner d'un professionnel du changement pour vous guider et vous soutenir.

En guise de conclusion

Face à une décision importante, vous pouvez être tenté par le non changement, le statu quo. C'est le choix le plus simple, celui qui donne la préférence à la sécurité en réponse à la peur. Pour défendre bec et ongles votre choix de non changement, vous utilisez des stratégies inconscientes dont celle du "Oui mais".

Ces stratégies peuvent vous engluer dans une situation professionnelle insatisfaisante. Un moyen d'en sortir est de faire vos choix, non plus en fonction de vos peurs, mais de vos espoirs et de la joie qu'ils suscitent. Ces espoirs prennent racine dans vos besoins fondamentaux les plus importants tels que les relations sociales, le goût du défi, le pouvoir d'influence...

Si devenir indépendant vous motive particulièrement, cela vous prendra du temps avant de jouir pleinement de votre travail. Durant votre voyage, vous traverserez sans doute des moments difficiles. Vous rappeler régulièrement pourquoi vous le faites est une des clés pour le réussir.

Envie d'une escapade ?

Découvrez les jeux psychologiques joués dans...

...le film
"Oui mais..."
de Yves Lavandier